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Proposition à 350 filles : 50 écus pour le mariage ou 100 écus pour le couvent (1688)

13 novembre 2022 | Publié dans Histoires de pèlerins | Écrire un commentaire
 
Demoiselles de Saint-Cyr : une éducation au couvent, à l’époque du voyage de Misson à Rome – Photo du film ‘Saint-Cyr’ de Patricia Mazuy [2000], avec Isabelle Huppert en Madame de Maintenaon, la créatrice du pensionnat
À la fin du XVIIe siècle, Maximilien Misson, un magistrat protestant chassé de France par la révocation de l’édit de Nantes, apporte avec son ‘Nouveau voyage d’Italie’ une note rafraîchissante en contrepoint à la complaisance habituelle des voyageurs catholiques.
 
Dans son récit par lettres, il égratigne sans vergogne les travers du clergé et relate cette anecdote sur l’établissement de jeunes filles pauvres par la noblesse romaine :

« Deux jours après notre retour de Naples, nous vîmes une assez agréable cérémonie, que j’ai envie de vous représenter. Une congrégation de soixante gentilshommes, assemblent volontairement un fonds pour marier ou pour encloîtrer tous les ans 350 filles. C’est ce qu’il faut premièrement savoir. Voici ensuite comment la cérémonie se fait.

La fête de l’Annonciation , le Pape et le Sacré-Collège se trouvent à la Minerve ; le pape célèbre une grande messe, ou bien quelque cardinal officie en son absence, et toutes les filles se confessent et communient. Cela étant fini, ces filles qui sont habillée de serge blanche et enveloppées comme des fantômes dans un grand drap qui leur couvre la tête en ne leur laisse qu’une petite visière, ou souvent même un petit trou, pour un Å“il feulement ; ces filles, dis-je, entrent deux à deux dans le chÅ“ur où tous les cardinaux sont assemblés, et viennent se prosterner à genoux au pied du pape ou du cardinal qui fait la fonction.

Un certain officier désigné pour cela se tient à côté, ayant dans un bassin de petits sacs de tabis blanc, chacun desquels renferme ou bien un billet de 50 écus pour celles qui choisissent le mariage, ou un autre de cent écus pour celles qui préfèrent le couvent. Chaque fille ayant bien humblement déclarés son choix, on lui donne son sac par un petit pendant : elle le baise en le recevant, elle fait une profonde révérence et défile aussitôt pour faire place aux autres. Les nonnes futures sont distinguées par une guirlande de fleurs qui couronne leur virginité ; elles tiennent aussi le rang honorable à la procession.

Des 350, il n’y en eut que 32 qui aient voulu faire le mieux de saint Paul. Les 318 autres se sont contentées de faire le bien : elles ont mieux aimé maritatsi que monacarsi. Â»

 
Lire l’article complet : Maximilien Misson, un huguenot en Italie

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