La tournée habituelle des lieux saints de Jérusalem (1432)

Si cette partie du récit de La Broquière ressemble à toutes les relations un peu convenues des voyageurs en Terre sainte, le reste de son voyage est plus original : notamment un retour terrestre via la Turquie.
« Nous partîmes de Jaffa et allâmes à Rames, qui est une bonne ville marchande, sans murailles, et assise en un beau pays et plantureux de biens. Et de là , nous allâmes à un village où monseigneur saint Georges fut martyrisé. Puis nous retournâmes en ladite ville de Rames, et de là allâmes à la sainte cité de Jérusalem où Notre-Seigneur Jésus-Christ souffrit mort et passion pour nous, et vînmes en deux journées dudit Rames.
Et quand nous fûmes venus en ladite cité de Jérusalem et eûmes fait les pèlerinages que les pèlerins ont coutume de faire, nous nous allâmes à la montagne où Notre-Seigneur, jeûna la quarantaine, et de là au fleuve Jourdain où il fut baptisé ; et, en retournant, nous fîmes les pèlerinages accoutumés, à savoir d’une église de saint Jean qui est auprès dudit fleuve, et après de sainte Marie-Madeleine et de sainte Marthe, là où Notre-Seigneur ressuscita Lazare, puis nous retournâmes à Jérusalem d’où nous partîmes derechef pour aller à Bethléem où Notre-Seigneur naquit. […]
Jérusalem a été une bonne et grande ville et semble-t-il meilleure qu’elle ne l’est à présent. Elle est assise en un fort pays de montagnes, et elle est dans la sujétion du sultan, ce qui est une grande pitié et confusion à tous les chrétiens. Car il n’y a que peu de chrétiens Francs, c’est-à -dire de Cordeliers [Franciscains]. Et il n’en demeure que deux dans ledit sépulcre où Notre-Seigneur reçut mort et passion. Lesdits Cordeliers sont en grande sujétion des Sarrasins. Car je l’ai vu en l’espace de deux mois, et pour cela, je peux le dire. Et dans l’église dudit Saint-Sépulcre, il y a aussi bien d’autres manières de chrétiens, comme les Abyssins, qui sont de la terre du prêtre Jean, les Jacobites, Herménins et chrétiens de la saincture. Et de tous ceux-ci, les Francs sont plus sujets que nul des autres. Tous ces pèlerinages ci-dessus faits et accomplis, nous nous appointâmes dix pèlerins pour faire le pèlerinage de Sainte-Catherine au mont Sinaï, ainsi qu’il est accoutumé. »
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