Mongolie : Le long de la rivière Orkhon, en compagnie d’une interprète étonnante
Pendant un long moment je chevauche seul aux côtés de Sara ; nous parlons de l’histoire locale, de Gengis Khan. Elle me dit que jusqu’à la perestroïka et par peur du nationalisme, les autorités ont occulté l’histoire des Mongols, présentant Gengis Khan comme un barbare sanguinaire. Dans les campagnes, les gens connaissaient tous plus ou moins l’Histoire Secrète des Mongols, la chronique des grandes années de leur histoire. Depuis le début des années 90, « on se rattrape » et l’on traduit les ouvrages historiques étrangers. Nous parlons des conquêtes et des « méthodes » mongoles, notamment les massacres, la dévastation systématique, la terreur. Sara monte un peu sur ses ergots, m’accuse de chauvinisme.
Elle a du mal à admettre et assumer cette cruauté pourtant objectivement avérée ; elle prétend que cela n’arrivait que lors des trahisons des ennemis et me dit benoîtement : si les gens avaient ouvert les portes de leurs villes et s’étaient livrés, rien de grave ne leur serait arrivé ! En un mot : « Malheur aux vaincus ! ». Un peu plus tard, nous parlons de littérature française ; elle a lu en russe un nombre impressionnant de grands classiques français : Molière, Racine, Corneille, Stendhal, Balzac, Hugo, Sartre ; nous évoquons l’opéra : elle a déjà vu « Carmen »… en mongol au théâtre d’Oulan-Bator, et elle rêve de la Scala, de Covent Garden et de l’Opéra de Paris. C’est fascinant pour une Mongole de 21 ans.
Feuilleter le carnet de route : Mongolie – Les cavaliers de la steppe
Cet article vous a plu, ou vous appréciez ce site : dites-le en cliquant ci-contre sur le bouton "J’aime" : |