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Sainte Brigitte en route vers Compostelle: histoire de la Via Sanctae Birgittae – 3/3

Route de sainte Brigitte depuis la Suède jusqu'à Compostelle
Le pèlerinage compostellan que sainte Brigitte de Suède entreprit avec son mari Ulf en 1341 dura presque deux ans. Au lieu de couper au plus court, Brigitte et son mari détournèrent leur chemin vers la Provence afin d’y honorer les reliques des saints de Béthanie, ces compagnons du Christ qui avaient fui la Palestine pour débarquer et évangéliser la région.
 
À l’occasion d’une conférence donnée à Montpellier, Gérard Ecorcheville-Olsson, qui travaille à la réhabilitation d’une
Via Sanctae Birgittae depuis la Suède jusqu’au Finisterre espagnol, rappelle le parcours pèlerin de la sainte du Nord.
 
Cet article est le troisième d’une série de trois articles qui reprennent l’essentiel de la conférence :

1/3 : Origine et développement du pèlerinage de Saint-Jacques
2/3 : Brigitte en Suède avant son départ pour Compostelle
3/3 : Le pèlerinage de sainte Brigitte à Compostelle

Le pèlerinage de sainte Brigitte à Compostelle

« Avant de partir en 1341 vers Compostelle, sainte Brigitte songeait déjà à fonder un ordre religieux car aucun ordre n’était d’origine suédoise et elle voulait rendre grâce au Seigneur qui lui parlait déjà directement par des Révélations…

Leur pèlerinage compostellan durera presque deux ans. Sur le continent, ils vinrent à Cologne ce haut lieu où il y avait la châsse des rois Mages (subtilisée à Milan) très vénérée, dans cette ville-sanctuaire où il y avait un même un hôpital de pèlerins suédois et plus tard une église Sainte-Brigitte. Riche en effet, Brigitte distribuait aux pauvres de l’argent, ensuite on élevait des monuments à sa gloire lorsqu’elle fut canonisée, 17 ans seulement après sa mort.

Ils détournèrent leurs chemins logiques pour Compostelle vers la Provence pour venir honorer les reliques des saints de Béthanie, ces compagnons du Christ qui avaient fui la Palestine pour débarquer et évangéliser la Provence vers l’an 40, sainte Marthe à Tarascon, sainte Marie-Madeleine, à Saint-Maximin et à la grotte de la Sainte-Baume, à signaler que jusqu’au Concile de la contre-réforme, Marie-Madeleine, la pécheresse pardonnée était aussi appelée l’Apôtre des Apôtres. Ensuite, ils passèrent à Marseille où l’on vénérait les reliques de Saint-Lazare à la crypte de Saint-Victor et à la cathédrale de la Major ; c’était le vrai Lazare, le ressuscité, premier évêque de Marseille puis assassiné par les romains place de Lenche dans la ville phocéenne.

En Provence, il y a au moins vingt chapelles, oratoires, monuments dédiés à sainte Brigitte. A Vidauban, outre les rues et chemins Sainte-Brigitte, il y a la colline Sainte-Brigitte avec sa chapelle, la cuvée Sainte-Brigitte, si vous en buvez trop allez à la pharmacie Sainte-Brigitte et pour ne pas reprendre la route dans cet état dormez à l’hôtel Sainte-Brigitte. Tout cela est absolument normal, c’est la Patronne de la ville fêtée par des processions avec ses bravades à coup de fusils pour faire comme on dit du bruit pour sainte Brigitte, ce qui sidère nos amis suédois et aussi des représentations théâtrales….

Ensuite, après le pèlerinage en Arles par les Alyscamps et pour vénérer Saint-Trophime à sa cathédrale, nos pèlerins scandinaves obliquèrent par la Camargue vers Aigues-Mortes, ville de Saint-Louis dont des reliques étaient conservées à Stockholm. Pour commémorer ce passage, une rue Via Sanctae Birgittae en latin, s’il vous plaît, a même été créée dans votre région Languedoc avec une nouvelle chapelle Sainte-Brigitte, sa statue venue de Suède, action positive dont quelques acteurs sont présents ici dans la salle, Monica Benoît, Suédoise et présidente des Amis de Sainte-Brigitte et son mari le Camarguais de toujours, Jean Benoît et conseiller municipal de ce gros village charmant de Saint-Jean-Laurent-d’Aigouze où les arènes jouxte la nouvelle chapelle… Il y a aussi présente ici mon amie Gunvor Houlez fondatrice de l’Association viking Scand’oc pour nous rappeler que beaucoup de scandinaves vivent ici chez vous.

Tout près de Montpellier et à côté de Saint-Guilhem-le-Désert, il y a pratiquement sur le chemin de Compostelle, à Saint-André-de-Sangonis au Hameau de Sainte-Brigitte, une chapelle dédiée à la sainte du Nord où Monsieur le consul de Suède est venu plusieurs fois. Brigitte y est certainement passée en 1341 et y aurait distribué des largesses. Il y a même des reliques parfaitement authentiques. Chaque année, pour la fête de la sainte, il y a une messe suivie d’un banquet de partage, l’année dernière de 200 personnes. Nous avons une délégation importante de ce Hameau présente ici, dont Marie Thé Gallibert gardienne en chef du lieu avec son amie Rosette, outre le plaisir de les avoir ici avec nous, il est à signaler que ce patrimoine est en danger et qu’une pétition circule pour sa sauvegarde. Elle recueille plus de 1.000 signatures dont notre PPDA national, pèlerin cette fois, randonneur comme chaque année sur le chemin de St Jacques, ainsi que la députée suédoise, Walburga Habsburg-Douglas, petite fille du dernier Empereur d’Autriche, et surtout ancienne secrétaire générale du mouvement Paneuropéen dont à ce titre, elle fut l’heureux artisan en août 1989 de l’ouverture du Rideau de Fer par le fameux pique-nique de la frontière austro-hongroise. Le Chancelier Kohl souligne toujours l’importance cruciale de cette action pour la chute du mur de Berlin qui suivit l’automne 1989. Des associations de pèlerins du monde entier se sont aussi joints à cette initiative pétitionnaire pour la chapelle de la Patronne des Pèlerins qui pourrait devenir un petit sanctuaire au milieu des vignes du Seigneur bien-sûr, il y a même une Association d’Argentine signataire que nous attendons fermement cette année, ici.

La sainte qui marchait en cohorte par de très longues étapes jour et nuit de 50 a 60 km comme les pèlerins du Moyen-âge guidés par les étoiles, ce qui fait appeler ce chemin le chemin des étoiles, probablement avec plus de 100 personnes dont des soldats à cause des brigands et des loups, est arrivée par Toulouse, le Col du Somport, l’Aragon, la Navarre, la Rioja, la Castille, le Bierzo, en Galice à Saint-Jacques de Compostelle où elle fut introduite au tombeau de l’Apôtre par des moines-soldats ; on est sûr que d’une chose ce fut très important pour elle.

Au retour, on pense qu’elle rejoignit la Loire, il y a une grande chapelle près de Vézelay qui lui est dédiée, probablement, elle visita toutes les grandes abbayes de la région et s’intéressa à la plupart des ordres religieux pour ensuite créer le sien dont une Abbesse sera la supérieure sur les moines et les moniales, un certain féminisme suédois oblige. À cet effet, signalons que Brigitte fut un temps l’icône des suffragettes suédoises qui obtinrent le droit de vote au début du XXème siècle, bien avant nos femmes de France

À Arras, son mari tomba malade et fit vœu de devenir moine s’il était guéri ce qui se passa et il le devint dans l’ordre cistercien d’une abbaye fondée par des moines français, l’abbaye d’Alvastra, mais il mourut rapidement.

Brigitte devait absolument faire approuver son ordre religieux et elle partit donc pour Rome car elle ne voulait pas, par principe, aller voir le pape en Avignon, et comme elle avait essayé de faire cesser la Guerre de Cent Ans, elle ne cessa de Rome, avec Catherine de Sienne de faire pression pour le retour des papes sur le siège de saint Pierre. Elle vécut dans la pauvreté dans la ville éternelle en distribuant ses richesses avec les Pauvres Dames Clarisses comme on appelait cet ordre franciscain. Elle fit tous les pèlerinages que l’Italie put contenir et aussi en Terre Sainte. Au retour de Jérusalem, affaiblie, elle fut rappelée à 70 ans à Dieu le 23 juillet 1373 seulement à deux jours de la Saint-Jacques.

Son ordre fut approuvé enfin, le pape rentra à Rome, sa fille Catherine ramena les reliques principales de sa mère à Vadstena en Suède où fut érigée une abbaye dont la très grande l’église selon le vœu de Brigitte fut bâtie dans les dimensions du Temple de Salomon telles que citées par la Bible. Vadstena au centre de la Suède est le principal lieu saint en Scandinavie et son grand centre de pèlerinage. Le pape Jean-Paul II s’y est rendu avant de proclamer Brigitte Co-patronne de l’Europe en 1999. Outre sa grande influence de la sainte sur les arts comme par exemple sur l’inspiration du fabuleux retable d’Issenheim de Mathias Grünewald à Colmar, et sur la pensée mystique par ses Révélations Célestes le grand best-seller du début de l’imprimerie dès 1480, indirectement, au moins, elle avait contribué a faire tomber le soviétisme puisque la paroisse de Sainte-Brigitte de Gdansk était celle des ouvriers très croyants de Solidarnosc et du Chantier Lénine et ils y puisaient certainement leur force dans cette église avec son curé le confesseur de Lech Walesa , Ces ouvriers vinrent en Suède en salopette de travail pour rendre hommage a cette Sybille du Nord avec leur illustre compatriote Karol Wojtilla.

Le Chemin de sainte Brigitte, la Via Sanctae Birgittae, le plus long chemin de Compostelle, est un projet que nous portons et qui inclut sept pays Européens et qui consiste à réhabiliter le chemin de Saint-Jacques de sainte Brigitte. Chacun pourra le pérégriner par petits bouts, bien sûr, car sinon il serait long de 4.200 km ou six mois de marche et ainsi découvrir une grande variété d’Europe différentes. Il est déjà balisé en Camargue près d’Aigues Mortes. Le projet inclut à terme des actions de participation au pèlerinage de personnes handicapées physiques ou mentales et actions d’insertion notamment en faveur de primo-délinquants qui comme cela se fait en Belgique, qui auront a effectuer une marche en substitution à leur peine avant d’apprendre un métier dans le domaine de la restauration de monuments anciens, enseignés par des compagnons du devoir ces descendants des bâtisseurs de cathédrales.

Nous pensons que la marche, le pèlerinage déjà découverte par les anciens grecs comme thérapie est peut-être, encore plus indispensable aujourd’hui, pour répondre aux stress du monde moderne. C’est aussi une invite culturelle, qui ne peut que nous enrichir, à explorer nos racines. Pour ceux qui le désirent très nombreux bien-sûr, c’est une affaire très spirituelle.

Cette aventure de la Via Sanctae Birgittae, chemin de Compostelle s’il en est, commence ici en Languedoc, entre la Suède et l’extrême Nord-Ouest de la Galice espagnole, et nous pensons qu’elle sera peut-être un petit apport à notre Europe que nous voulons généreuse et universelle comme l’étaient l’Apôtre Jacques et sainte Brigitte. »
 

Extrait d’une conférence de Gérard Ecorcheville-Olsson, président de l’Association Via Sanctae Birgittae à la Maison de l’Europe et des Relations internationales de Montpellier le 25 Janvier 2010.

En présence de
Madame Sarah Elamani, conseillère municipale de la ville de Montpellier, monsieur le consul général d’Espagne, Joseph Maria Bosch, monsieur le consul de Suède, Pierre Moulin et monsieur le directeur de la Maison de l’Europe de Montpellier, Gérard Rousset.

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