Création des routes de pèlerinage
L’existence de voies « officielles » de pèlerinage (par exemple, la Via Francigena calquée sur le seul voyage de l’évêque anglais Sigéric en 990) relève plus de la fiction que de l’exactitude historique, car en fait, chaque pèlerin part de chez lui, va à Rome et en revient par les voies les plus commodes et les plus proches. Ainsi se définissent des itinéraires très fréquentés et une myriade de parcours secondaires motivés par la curiosité ou le désir de ne pas négliger la visite de telle ou telle relique insigne en marge du parcours.
Il y a ainsi des vie Romee dans toutes les régions, et dans chaque région, il y en a plusieurs. Choisir l’une ou l’autre comme exemplaire se situe quelque part entre la convention et le choix arbitraire.
Le legs des voies romaines
Les pèlerins se déplaçaient le long de voies déjà tracées et n’en ont pas ouvert de nouvelles. Ils empruntaient soit les grands axes de l’Empire romain (ou ce qu’il en restait), soit les routes secondaires, voire les chemins reliant les diverses implantations humaines. Au Moyen Age, quand elles commencèrent à accueillir les pèlerinages, les routes romaines manquaient d’entretien, les pavés étaient enfouis ou arrachés, les ponts écroulés. Les fleuves devinrent des obstacles dangereux et infranchissables pour des gens qui, dans la plupart des cas, ne savaient pas nager. Ils imposaient de longs détours pour trouver les gués. C’est pourquoi, par exemple, passer par Pavie, où se trouvait un pont de barques, était presque inévitable.
En Italie, les grands itinéraires étaient ceux des Romains : la via Appia (Rome-Naples), la via Appia Traiana (Naples-Foggia-Brindisi), la via Flaminia (de Rimini à Rome), la via Cassia (Rome-Cesena), la via Aurélia vers la mer Tyrrhénienne, la via Emilia (de Plaisance à Rimini).
Obstacles naturels
Aujourd’hui, on s’efforce de comprendre la raison de certains plassages, pourquoi on n’allait presque jamais tout droit il suffit de rappeler que l’Italie et l’Europe étaient beaucoup plus boisées qu’aujourd’hui, et comportaient de larges zones marécageuses. Sur les montagnes, il y avait la forêt, et dans les vallées, les marais les voyageurs, et donc les pèlerins, suivaient plus souvent les lignes de crête, pour redescendre ensuite rapidement dans les villages de la vallée. Le pèlerin se préoccupait de la sécurité de la route, des possibilités de s’arrêter, de manger et dormir, éventuellement de changer de monture. Il suffisait que soit créé un gîte d’étape pour rendre un parcours préférable à un autre, il suffisait d’un signal plus clair, d’un col un peu plus sûr.
Routes de chrétienté
À partir de la première année sainte en 1300, l’indulgence plénière rameute toutes les populations, et les villes italiennes se voient confrontées à une masse de gens venus à cause des indulgences recherchées pour l’expiation de leurs propres péchés. Les jubilés qui s’enchaînent de cinquante puis de vingt-cinq en vingt-cinq années ne cessent de transformer l’Italie et surtout Rome en une gigantesque auberge. Les problèmes de ravitaillement, de santé et de sécurité sont importants et les responsables commencent à prendre des mesures et à prévoir des cartes, des itinéraires, et des lieux de résidence. Les mappemondes et les dessins, les plans et les croquis commencent à traiter l’espace en fonction de ce fait pèlerin. Les routes sont balisées. Et là encore la référence n’a pas été la voie militaire romaine, mais la route chrétienne reliant les abbayes, les chapelles et tous les lieux de piété du monde occidental.
d’après F. & G. Lanzi, Les pèlerinages romains, Bayard Editions–Centurion, 1999
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