Grégoire VII oblige les évêques à venir à Rome en pèlerinage
Il s’efforça, non sans peine, d’obliger les évêques du monde au pèlerinage de Rome. Dans une lettre à Lanfranc, évêque de Cantorbéry, il rappelle à l’ordre le prélat qui n’est pas encore venu lui rendre visite :
« Souvent nous avons invité Votre Fraternité de venir à Rome, même pour les intérêts de la foi et de la religion chrétienne. Abusant de notre patience, vous avez différé jusqu’à présent, à ce qui paraît, par orgueil ou par négligence, puisque vous n’avez pas même prétexté aucune excuse canonique. La longueur du voyage et la fatigue du chemin ne peuvent point vous servir d’excuse. Un grand nombre de pèlerins âgés, malades, pouvant à peine sortir de leurs lits, et obligés de se faire porter, viennent de pays plus éloignés que l’Angleterre, pour visiter les trophées du Vatican et de la voie d’Ostie [les tombeaux de saint Pierre et saint Paul]. L’amour et la dévotion leur donnent les forces nécessaires pour accomplir leurs pieux desseins. »
(Lanfranc, Epist. 20, cit. par R. F. Rohrbacher, Histoire universelle de l’Église catholique, Gaume Frères, 1858)
En conséquence, par l’autorité apostolique, le pape lui ordonne, sous peine de suspense, de venir à Rome sous quatre mois, pour la fête de la Toussaint. Lanfranc avait répondu ainsi à la première lettre du pape :
« La lettre de Votre Excellence, que m’a remise Hubert, sous-diacre de votre sacré palais, je l’ai reçue avec l’humilité qui convient. Dans presque tout son contexte, vous avez soin de me réprimander avec une douceur paternelle, de ce que, élevé à l’honneur épiscopal, j’aime moins la Sainte Église romaine et vous pour elle, que je n’avais coutume de faire avant d’être parvenu à cet honneur, d’autant plus que je ne doute pas et que personne ne doute, je pense, que c’est l’autorité du Siège apostolique qui m’y a fait parvenir.
Je ne veux ni ne dois, Vénérable Père, calomnier vos paroles. Toutefois, ma conscience m’en est témoin, je ne puis comprendre que l’absence corporelle, la distance de lieux ou une dignité quelconque puisse faire en ceci quelque chose et m’empêcher d’être soumis et tout et partout à vos ordres, suivant les canons. Et si, Dieu aidant, je pouvais un jour vous parler en personne, je vous prouverais, non par des paroles, mais par des choses, que j’ai augmenté en amour, et que c’est vous, permettez-moi de le dire, qui avez diminué de votre ancienne affection. Les paroles de votre légation, je les ai, de concert avec votre légat, suggérées au roi, et tâché de les lui persuader, mais je n’en suis point venu à bout. Pourquoi il n’a point acquiescé complètement à votre volonté, lui-même vous le fait connaître, tant de vive voix que par ses lettres. »
(Lanfranc, Epist. 8, op. cit.)
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