Iran : « Ah, cette saloperie de voile !… »
Aéroport de Téhéran à 1 heure du matin. Je suis épuisé, je n’ai qu’une envie : dormir avant le vol pour Chiraz. Dans l’avion, j’étais assis à côté d’une Iranienne habitant en France et nous avons parlé pendant presque tout le trajet. Elle est partie d’Iran en 1981 parce qu’ « elle n’en pouvait plus ». À présent, elle accompagnait ses trois enfants de 10 à 12 ans pour des vacances chez leur grand-mère. Cette conversation était très agréable. Ma voisine était un peu bluffée par mon apprentissage, même succinct, de l’iranien et était aussi étonnée que nous voyagions de façon indépendante. Au début du vol, une annonce avait rappelé le port obligatoire du voile pour les femmes ; certaines ne l’avaient pas mis et ma voisine constata à quel point le régime s’était adouci, car un tel laxisme n’aurait pas été permis il y a seulement quelques années. Une fois, son foulard tomba et elle jura : « Ah, cette saloperie de voile !… » Pour elle, c’est vraiment un symbole d’oppression et elle a littéralement rêvé du jour où elle pourrait se promener tête nue dans la rue.
À l’arrivée à l’aéroport de Mehrabad, nous descendons sur le tarmac par une passerelle. À 11 heures du soir, l’air est tiède et agréable. Devant nous, au fond du hall d’immigration, deux portraits aux couleurs délavées : Khomeiny et Khamenei (l’actuel Guide Suprême de la Révolution Islamique). Les formalités se passent sans peine, mais nous attendons longtemps. Derrière nous, des Iraniens parlant français proposent leur aide pour la page d’écriture de renseignements habituels. Nous entamons la conversation. Ils sont eux aussi étonnés que nous voyagions seuls. Très sympathiques, ils nous donnent leurs coordonnées téléphoniques à Téhéran, nous font promettre de les appeler, esquissent une invitation chez eux, dans une maison qu’ils possèdent près de la mer Caspienne : quel accueil étonnant de gentillesse et d’amabilité ! Ils négocient pour nous un taxi vers le terminal domestique où nous sommes actuellement. La nuit va être chaotique, mais je crois que je vais tomber raide de sommeil.
(mardi 4 août)
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