Un grand souk à Jérusalem (670)

Si le récit d’Égérie est le premier compte-rendu d’un voyage en Terre sainte, celui rédigé par Adamnan est le premier guide pour les pèlerins, décrivant les sites et les lieux saints, les paysages et l’impression qu’ils produisirent sur le voyageur. Les descriptions d’Adamnan soulignent l’étonnement et la nostalgie éprouvés par Arculfe : trois cents ans après Égérie, Arculfe a vu les sites de Terre saints en ruine et ces ruines, comme c’est souvent le cas, l’ont empli de tristesse et lui ont donné l’impression que l’époque du Christ était désormais infiniment lointaine. D’autant plus que Jérusalem venait d’être conquise par les Musulmans. Dans sa description de la Ville sainte, Arculfe mentionne leur lieu de culte :
« À l’endroit où se dressait autrefois le temple, les Sarrasins ont maintenant érigé une maison de prière carrée, bâtie de façon grossière, en élevant des poutres et des planches sur quelques restes de vieilles ruines; c’est leur lieu d’adoration et l’on dit qu’il contiendrait environ trois mille hommes. »
« Voilà aussi ce que, selon moi, on ne devrait pas passer sous silence et qu’autrefois saint Arculfe, dont on a déjà parlé, nous a dit quant à l’honneur de cette ville dans le Christ : chaque année, le quinzième jour du mois de septembre, une multitude presque innombrable de différentes nations a l’habitude de se réunir de tous les côtés de Jérusalem dans le but de commercer et de s’acheter et se vendre mutuellement des marchandises. Il en résulte nécessairement que les foules des diverses nations demeurent dans cette ville hospitalière pendant quelques jours, tandis que le très grand nombre de leurs chameaux, chevaux et ânes, sans parler des mules et des bÅ“ufs pour leurs divers bagages, se répandent ici et là dans les rues de la ville avec les abominations de leurs excréments dont l’odeur apporte un ennui peu commun aux habitants et rend même la marche à pied difficile.
Mais le plus admirable est que la nuit suivant le jour du départ de ces foules accompagnées de tous leurs divers animaux de bât, la pluie tombe en abondance sur cette ville et lave toutes les ordures abominables des rues et les nettoie de leur saleté.
Car la situation même de Jérusalem, commençant sur l’arête nord du Mont Sion, a été si bien disposée par son fondateur, Dieu, sur une déclivité élevée, descendant en pente vers les terrains plus bas des murs nord et est, que cette abondance de pluie ne peut pas rester dans les rues comme de l’eau stagnante, mais dévale, comme des rivières, du plus haut jusqu’en bas. Cette inondation des eaux de ciel, coulant par les portes orientales et portant toutes ces sales abominations, entre plus loin dans la Vallée de Josaphat et gonfle le torrent du Cédron. Et après avoir ainsi baptisé Jérusalem, cette surabondance de pluie cesse toujours.
En conséquence, nous devons remarquer de la façon la plus attentive en quel honneur cette ville élue et glorieuse est tenue par le Père Éternel, qui ne permet pas qu’elle reste souillée plus longtemps, mais en l’honneur de Son Fils Unique la nettoie si rapidement, puisqu’elle contient à l’intérieur de ses murs les sites vénérables et sacrés de sa Croix et de sa Résurrection. »
Saint Adamnan – De Locis Sanctis
Lire l’article complet : Arculfe, évêque du VIIe siècle
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