Flaubert
![]() | C’est avec indifférence que Flaubert arrive à Jérusalem le 11 août 1850. Il se sent alors, selon ses propres termes, "plus vide qu’un tonneau creux". Laissant cependant libre cours à son génie romanesque, il consigne ses impressions dans Voyage en Orient. |
L’arrivée à Jérusalem

À chaque instant je m’attends à voir Jérusalem et je ne la vois pas. - La route (on distingue la trace d’un ancien chemin) est exécrable, il n’y a pas moyen de trotter. - Enclos de pierres sèches dans ce terrain de pierres. Enfin, au coin d’un mur, cour dans laquelle sont des oliviers ; j’aperçois un santon, c’est tout. - Je vais encore quelque temps ; des Arabes que je rencontre me font signe de me dépêcher et me crient « Al-Qods, Al-Qods ! » (prononcé, il m’a semblé, « codesse » ; vingt-sept femmes vêtues de blouses bleues, qui m’ont l’air de revenir du bazar ; au bout de trois minutes : JÉRUSALEM.
Comme c’est propre ! les murs sont tous conservés. - Je pense à Jésus-Christ entrant et sortant pour monter au bois des Oliviers ; je l’y vois par la porte qui est devant moi, les montagnes d’Hébron derrière la ville, à ma droite, dans une transparence vaporeuse ; tout le reste est sec, dur, gris ; la lumière me semble celle d’un jour d’hiver, tant elle est crue et blanche. C’est pourtant très chaud de ton, je ne sais comment cela se fait.
Le Saint-Sépulcre

L’extérieur, avec ses parties romanes, nous avait excités ; attente trompée sous le rapport archéologique. Les clefs sont aux Turcs, sans cela les chrétiens de toutes sectes s’y déchireraient. [...] Ce qui frappe le plus, ensuite, c’est la séparation de chaque Église, les Grecs d’un côté, les Latins, les Coptes ; c’est distinct, retranché avec soin, on hait le voisin avant toute chose. C’est la réunion des malédictions réciproques, et j’ai été empli de tant de froideur et d’ironie que je m’en suis allé sans songer à rien de plus. [...] Heureux sont-ils tous ceux qui là ont pleuré d’amour céleste. Mais qui sait les déceptions du patient Moyen Âge, l’amertume des pèlerins de jadis, quand, revenus dans leurs provinces, on leur disait en les regardant avec envie : « Parlez-m’en ! Parlez-m’en ! » [...] La déception, s’il y en avait une, ce serait sur moi que je la rejetterais et non sur les lieux.
Gustave Flaubert - Voyage en Orient
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